LA MAIRIE

 Saint-Nazaire tient son nom d’un martyr de la région de Milan qui fut persécuté sous le règne de Néron. Les liens étant étroits entre Milan et le diocèse de Grenoble dès le IVe siècle, cela peut expliquer l’attribution de ce nom à l’église et au prieuré. Pour la période du Ve au VIe siècle, des débris de tombes et des ossements ont été retrouvés à la fin du XIXe siècle sous le château des Eymes, ce qui permet de dire qu’une communauté existait alors à Saint-Nazaire.
Le pouillé [1] de Saint-Hugues vers 1100 mentionne l’église de Saint-Nazaire et celle de Saint Maurice de Clèmes. Certains historiens affirment que ce n’est qu’à la fin du XIIIe siècle que Saint-Nazaire se forme autour du prieuré. Les communautés de Saint-Nazaire et de Clèmes étaient distinctes et possédaient chacune leur église, leur prieur, et leur consul (maire). Elles se réuniront en 1790.

Sous l’Ancien Régime, les assemblées de la communauté se tenaient après la messe dominicale dans l’église ou sur la place. Elles étaient peu fréquentes et concernaient essentiellement le « ban (début) des vendanges », la nomination du consul, des péréquateurs de l’année (qui établissent la répartition des impôts) et du greffier. Sont également discutés les travaux à envisager et les litiges locaux. Les comptes-rendus de ces assemblées, conservés dans les archives communales depuis le milieu du XVIIIe siècle, reflètent la vie du village.

Dès 1788, le rythme des réunions s’accélère et, à partir de 1790, la nouvelle municipalité se réunit encore parfois à l’église ou dans la maison curiale ou chez le secrétaire greffier. Les délibérations permettent de mesurer l’impact local des évènements nationaux.

L’organisation de l’administration pendant la période révolutionnaire entraîne pour Saint-Nazaire et Clèmes, d’abord en 1795, une fusion provisoire de quelques mois avec Saint-Ismier pour former la « Commune de Manival »; puis, de novembre 1795 à avril 1799, un rattachement à la Municipalité de Canton de Bernin avec Saint-Ismier, Saint-Pancrasse et Crolles. Ensuite, Saint Nazaire reprend son autonomie et son conseil se réunit "dans une chambre de la maison du maire servant de maison commune" ; à partir de 1807, celui-ci reçoit un petit "dédommagement" pour louage et entretien » de cette pièce.

En 1826, pour éviter les changements de lieu et la perte éventuelle de documents en découlant, le Conseil municipal décide la "dépense d’une maison commune". Ce sera l’aménagement du grenier au-dessus d’une écurie acquise en 1822 en même temps que le bâtiment destiné au presbytère. Ce modeste local "muni de bancs et d’un placard fermant à clé" servira de mairie à partir de 1832 jusqu’à son transfert en 1856 au premier étage de la maison-école de garçons au bout du chemin du village (qui deviendra le café de la mairie en 1894). Elle y restera jusqu’en 1891, date de la construction d’une "mairie-école", l’actuelle MAIRIE.

Les services de la mairie occupent tous les locaux depuis la construction du groupe scolaire en 1976.

 

L’ÉCOLE 

Les questions relatives au "gouvernement de la jeunesse" avaient été largement abordées sous l’Ancien Régime, notamment dans les édits royaux de 1698, 1700 et 1724 où il était fait obligation aux municipalités de créer des écoles. Des initiatives en ce sens sont prises dans les villes mais pas encore dans les communautés villageoises et ni les registres de taille ni les registres des délibérations des communautés de Saint-Nazaire et de Clèmes ne rendent compte au XVIIIe siècle de dépenses faites pour une "école publique"  [2].

Cependant, des enseignants dénommés "régents" ou "précepteurs de la jeunesse" signent dans les registres paroissiaux [3]. On en recense six entre 1696 et 1792 ; ce sont des maîtres itinérants payés par les parents et bien peu d’enfants en profitent. On peut relever sur les registres d’état civil de Saint-Nazaire [4] que 55% des hommes et 89% des femmes entre 17 ans et 30 ans, n’ont pas été en capacité de signer leur acte de mariage entre 1763 et 1795.

C’est donc à partir de la Révolution que l’on commence à parler d’ "école publique". La loi du 27 brumaire an III (17 novembre 1794) relative aux écoles, prévoit une école pour 1000 habitants ; toutefois, la municipalité du canton de Bernin décide, le 26 floréal an IV (15 mai 1796) de la création d’une école primaire à Saint-Nazaire qui ne compte pourtant que 600 habitants. La loi précitée prescrit également que les presbytères seront affectés au logement des instituteurs et à l’école, ce qui sera le cas à Saint-Nazaire où l’ancien presbytère sera réquisitionné à cet effet en 1795. Cependant, sur les comptes de gestion du Receveur Municipal de la commune [5], à la rubrique "traitement de l’instituteur", aucune somme n’apparaît jusqu’en 1833 ce qui sous entend que, s’il y a une école, l’instituteur est rémunéré par les parents.

À partir de 1835, une dépense est inscrite au budget municipal pour le traitement d’un enseignant. En 1837, le sieur Alexis Saint-Pierre, sur présentation de son Brevet de capacité et de son Certificat de moralité [6], reçoit un avis favorable du Comité local. Quelques années plus tard, en 1843, il fait construire sur un terrain qu’il vient d’acquérir sur le chemin du Village "une maison pour y établir son école" ; il y enseignera jusqu’en 1852. Un bulletin d’inspection nous apprend que l’école communale dirigée par Alexis Saint-Pierre compte 12 élèves payants et 10 élèves gratuits [7] Son enseignement est apprécié, tant à l’école que dans les exercices religieux. Cependant, il porte barbe, moustache et favoris … à la mode de l’époque mais interdits par l’Inspecteur de notre région selon son interprétation stricte des directives ministérielles qui demandent aux inspecteurs de "veiller à la modération du système pileux de leurs subordonnés" [8]. Il lui est prescrit alors de couper sa barbe mais en fait, Alexis Saint-Pierre change de métier et devient aubergiste comme son père.

Pendant de nombreuses années, garçons et filles sont scolarisés dans divers locaux du village, loués à des particuliers. Après la maison Saint-Pierre-Rocca, chemin du Village, c’est en face, dans la maison Andru [9] aménagée à grands frais (salle de classe, latrines, mairie, appartement de l’instituteur), que sont accueillis les garçons de 1856 à 1891 En 1894, cette maison deviendra le Café de la Mairie. De 1861 à 1891, c’est la maison Jore-Rey, place de l’église (repère 6), qui accueille l’école de filles jusqu’en 1891.

La IIIe République, sur l’impulsion de Jules Ferry, décrète en 1881-1882, l’école obligatoire et gratuite. N’ayant plus à leur charge le traitement des instituteurs, les écoles, obligées de proposer des locaux scolaires "modernes" peuvent faire face aux emprunts nécessaires. En 1891, l’achat de terrains, le projet des architectes Chartrouse et Ricaud, l’adjudication à l’entreprise Borrione, conduisent à la réalisation de la Mairie-École où seront scolarisés, dans deux classes, filles et garçons de 6 à 13 ans jusqu’en 1957.

Les locaux scolaires deviennent alors insuffisants et les municipalités successives devront répondre aux demandes pressantes :

  • 1958-59 : la commune décide de la création d’une troisième classe, la "classe enfantine" qui sera installée au Piat dans l’ancienne maison du juge Richard.
  • 1960 : un nouveau bâtiment avec deux classes, un préau et un logement d’instituteur (l’actuelle bibliothèque et les salles d’activité).
  • 1970 : un préfabriqué dans la cour pour recevoir la classe enfantine.
  • 1972 : deux préfabriqués au bout du plateau sportif pour installer la nouvelle école maternelle.
  • 1976 : un nouveau groupe scolaire spacieux et agréable reçoit écoles primaire et maternelle et voisine avec deux villas logements de fonction.
  • 2005 : nouveaux bâtiments pour la seule école maternelle.
  • 2010 : pôle enfance (restauration et garderie scolaire).
  • …..

[1] Registre des biens et des bénéfices ecclésiastiques

[2] Archives municipales de Saint-Nazaire-les-Eymes
Registre de taille des communautés de Saint-Nazaire et de Clèmes (1774-1788)

[3] Archives municipales de Saint-Nazaire-les-Eymes
Registres paroissiaux (1670-1792)

[4] Archives municipales de Saint-Nazaire-les-Eymes
Registres  d’état-civil (1793 – 1870)

[5] Archives départementales de l’Isère

[6] Exigés par ordonnance royale du 29 février 1816

[7] Archives municipales de Saint-Nazaire-les-Eymes, 1R7, juin 1852

 [8] Circulaire du 20 mars 1852

[9] Anciennement maison du sieur Rivoire